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![]() UN LONG DIMANCHE DE FIANCAILLES
Réalisateur : Jean-Pierre Jeunet Acteurs : Audrey Tautou, Gaspard Ulliel, Albert Dupontel Sortie : 27 Octobre 2004 Trois ans. Il aura fallu attendre trois ans pour que Jean-Pierre Jeunet nous livre son nouveau film. Après le succès du Fabuleux Destin d' Amélie Poulain, tout semblait possible, le meilleur comme le pire. Et si ? Et si l'attente se révélait vaine ? Et si la sauce ne reprenait pas ? On a pourtant les meilleurs ingrédients, déjà éprouvés : la même équipe a été réunie, de grands acteurs (sûrement le plus beau casting d'un film français), du talent à revendre, un grand livre de Japrisot (scénariste entre autres de L'été Meurtier)... Mais voilà, c'est peut-être dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes, mais pas si on la ressert tous les jours. Et pourtant, celle-là, j'en reprendrais bien une lichette. Nous sommes en 1919. Mathilde (Audrey Tautou) a 19 ans. Elle vie en Bretagne chez son oncle et sa tante et a un amoureux, Manech. Le jeune garçon a été mobilisé en 17, direction les tranchées. D'après l'état major, il a été exécuté "pour l'exemple" avec 4 autres camarades, pour mutilation volontaire. Depuis qu'elle a appris la nouvelle, Mathilde sait qu'il est bien vivant, quelque part, et qu'elle le retrouvera. Il ne peut pas être mort, sinon elle le saurait. Elle entreprend alors de découvrir ce qui s'est vraiment passé, de faire le jour sur toute cette affaire. ![]() ![]() Jean-Pierre Jeunet a grandi. Il ne joue plus avec son copain Caro a créer des histoires noires et torturées, il ne fricote plus avec les Aliens gluants. Après nous avoir donné une bonne bouffée d'optimisme et de bonheur gratuit avec Amélie (film très personnel déguisé en superproduction), il nous plonge cette fois-ci dans les affres de la Grande Guerre, celles des tranchées et des poilus. Dès les premières minutes, nous voici sous une pluie battante, les pieds dans 20 cm de boues collante, le froid l'humidité et la peur sont palpables. Ca bombarde, ça crie, ça souffre, l'horreur de ces jours est là, parfaitement retranscrite dans ses moindres détails. C'est un film plus adulte, plus mature, mais qui n'empêche pas les moments de pure poésie (les allumettes...). Mathilde elle, ne peut croire que son amour est parti. Avec tant de conviction et de détermination qu'elle entraine presque malgré eux les autres protagonistes : un oncle aimant (Dominique Pinon), un avocat (trop) protecteur (André Dussolier) et un détective privé "pire que la fouine", Germain Pire interprété par le regretté Ticky Holgado. Au travers de l'enquête pour retrouver son amoureux, c'est aussi pour Mathilde et pour nous l'occasion de découvrir la vie dans les tranchées. Bien sûr, on n'échappe pas à la touche Jeunet reconnaissable dès la fin du générique : un cadre parfait, un chroma très particulier (tout le film baigne dans une ambiance sépia chaude), et surtout cet élan romantique et épique. Si certains avaient reproché à Amélie Poulain une trop grande naïveté (et n'était-ce pas justement le but, cette vie rêvée que se crée l'héroïne ?), cette fois-ci les sentiments toujours aussi présents sont contre balancés par ces moments de cruauté guerrières, les ramenant dans un contexte plus réaliste, plus dur et donc plus fort. Et puis cet humour improbable dans les moments les plus surprenants. Bien évidemment, il excelle encore un fois pour détourner les petites choses du quotidiens pour les rendre presque magiques. Il y est question d'espoir, autant celui des soldats de rentrer chez eux, que celui des familles de retrouver leurs fils, maris ou amants. Il y est question d'humanité, au sens le plus noble et le plus touchant. De faiblesse (les parenthèses laissées ouvertes quelques jours par Jodie Foster...), d'amour passionnel aussi, et de vengeance (magnifique Marion Cotillard). Audrey Tautou incarne son personnage avec une présence sans pareille. Tout à son aise, elle nous fait vivre son amour et ses doutes avec tout son être. Les dialogues sont parfaits, mais son simple regard suffit à faire passer tant de choses. Mais c'est avec une très grande retenue quelle nous amène là où elle veut. Ici, pas de scènes larmoyantes aux violons envahissants (Jeunet retrouve pour ce film le compositeur Angelo Badalamenti, déjà responsable du score de La Citée des Enfants Perdus pour une illustration simple et discrète, forte et sincère, comme les personnage du film). Décidément, ses grands yeux noirs ne sont jamais plus pétillant que devant la caméra de Jeunet. Et surtout, un film de Jeunet ne serait pas ce qu'il est sans ses seconds rôles : ceux déjà cités bien sûr mais aussi Tchécky Karyo, Jean-Claude Dreyfus, Jean-Paul Rouve, Clovis Cornillac, Albert Dupontel, Chantal Newitrh et j'en passe. Et le jeune Gaspard Ulliel dans le rôle de Manech, simple, sobre, amoureux transi, terrifié comme le serait un gosse de 17 ans sur le front d'une guerre qui le dépasse. Tous parfaitement ancrés dans leurs personnages, choisis avec la plus grande justesse. Jeunet nous prouve encore une fois que l'homme peut être bon. Encore une fois, c'est cette humanité et cette recherche du bonheur (à prendre ou à donner) qui guide les pas de Mathilde et de ses compagnons. C'est bête, c'est naïf, mais ça fait du bien de temps en temps. Un peu de poésie et d'amour tellement fort que l'impossible pourrait arriver. Sortir d'une salle avec un sourire idiot, voilà quelque chose de bien agréable. Voilà trois ans qu'on attendait donc de retrouver cet état de grâce, ce petit moment de bonheur tellement simple et stupide. M. Jeunet, encore un peu de vieille soupe pour moi s'il vous plait. Tout ça, c'est aussi bon qu'un cœur qui bat dans la main....... AUTEUR : MATT Venir discuter du film sur le forum CINEGENRE ![]() ![]() ![]() |
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