EDITO DU FESTIVAL


Peu après la deferlante asiatique qui a secoué le festival deux années durant (2003: Dark Water, 2004: A tale of two sisters), Gerardmer redonne sa chance à de nombreux pays pour tenter de convaincre le jury et le public. Ainsi deux films belges (Calvaire et Trouble), deux films américains (Saw et Trauma), un film canadien (La peau blanche), un film espagnol (Hypnos), un film coréen (Bushinsaba), un film japonais (One Missed Call) et un film chinois (Ab-Normal beauty) se sont combattus pour le grand prix du festival.

Si l'organisation rodée du festival de Gerardmer 2005 a séduit les fans, la composition du jury comme de la séléction de films est apparu écléctique et intélligente. Avec un thème central, "Etat d'ame", et un hommage à un grand monsieur du cinéma contemporain, Roger Corman, la thèmatique abordée a battu son plein dans une ambiance extraordinaire pendant les 5 jours féériques qu'ont constitués la 12ème édition de Fantastc'Arts.

L'hommage à Roger Corman fut rendu vendredi soir par Lionel Chouchan, organisateur et président du festival, et par l'ésthéte Jean Pierre Dionnet, grand nom du cinéma. Roger Corman, c'est un réalisateur prolifique accolée à une étiquette "2 francs 6 sous" pour avoir réalisé plus d'une cinquantaine de films fantastiques à faible budget dont certains sont devenus simplement cultes (La petite boutique des horreurs, La chute de la maison Usher...). Il est aussi un immense découvreur de talent. Imaginez qu'à lui tout seul il a lancé les carrières de Francis Ford Coppola, Martin Scorcese, Joe Dante, Jonathan Demme, George Lucas, Sylvester Stallonne, Jack Nicholson, Charles Bronson et bien d'autres...


Dionnet, Corman et Chouchan pendant l'hommage


Second moment fort du festival, la présentation en compétition du film de Fabrice Du Welz "Calvaire". Un film incroyable présenté par un Jacky Berroyer en forme, frais et hallucinant.
Au final, nous avons été séduit par trois films qui seront finalement récompensé. "Calvaire" bien sur, qui ose transporter "Massacre à la tronconneuse" dans les Ardennes belges, "Trouble" ensuite, le film d'Harry Cleven, qui, sans etre une révolution, fait preuve d'une sobriété et d'une éfficacité radicale, et enfin, "Saw", premier film de James Wan qui explose Seven dans le film de serial murders.





LES CHRONIQUES DE NANO


JOUR 1 - Mercredi 26 janvier 2005

Les heures défilent. On abime notre pass presse à attendre avec impatience l'ouverture des portes de l'Espace L.A.C qui donnera le départ pour cinq jours de cinéma fantastique. Lorsque les vigiles de la sécu verifient que le billet d'invitation qu'on leur tend n'est pas un canular déssiné par un gosse de 5 ans, nous nous engouffrons enfin dans la salle de ciné qui va nous acceuillir pour les neuf films en compétition. Le traditionnel discours de Lionel Chouchan, organisateur du festival, fait vite place au jury présidé par Barry Levinson. Un jury écléctique qui expliquera que 5 jours plus tard, le prix reviendra à la plus soft des bobines..
La salle bondée par la presse et les peoples, venus rafler quelques flashs et un article dans Gala, va pouvoir visionner Sky Captain and the world of tomorrow, le mignon essai filmique de Kerry Conrad. Le film donne sévérement dans le sensationnel et les jolis effets spéciaux rendent décidemment super bien sur un écran de ciné.


Capitaine Sky et le monde de demain - film d'ouverture de Fantastic Arts


La soirée termine en apothéose avec le repas presse/people qui se déroule à la patinoire. L'orga met les petits plats dans les grands, ouvre les bouteilles de champs.. Certains malchanceux entendront même Michal (Star Academy) et Alain Bouzigues (Camera Café) pousser la chansonnette alcolisée...

JOUR 2 - Jeudi 27 janvier 2005

Quelques heures de digestion et de ronflements après, le reveil sonne pour le premier film en compétition : Bushinsaba. Sans revenir sur cet avorton coréen poussif et complétement ennuyeux (la critique), le film inquiète la salle, décroche quelques sursauts, et fais même péter une enceinte de l'espace L.A.C. Mauvais constat pour le premier film qu'il nous ait été donné de voir.


Bushinsaba - le film coréen de la séléction


Ci-tôt la séance terminé, le Public System (Merci à eux !!!!) nous emmène directement en bas des pistes de sky, au photo call des invités et du jury. Premier émoi de votre serviteur lorsqu'il a pris son plateau repas entre Roger Corman et Barry Levinson. S'en est forcément suivi la deferlante des paparazzis pour Agnes Soral et tous les membres du jury qui défilaient les uns derrière les autres à coté de l'énorme bohnomme de neige confectionné pour l'occasion.

16 heures, rendez-vous au Grand Hotel pour la conférence de presse de Roger Corman. Un grand moment avec un grand Homme.

Retour dans les salles à 17h30 pour le second film de la séléction : Trauma de Marc Evans. Prometteur mais complétement foiré. Pourtant bien interprété par un Colin Firth (Bridget Jones 1 & 2) qui surjoue limite, le film est on ne peut plus pompeux, incompréhensible et prétentieux. En France on appelle ca une immondice.. même pas un nanard.

Alors que toute la presse commence à se poser de rude question quand à la séléction, Joël Champetier, écrivain canadien et scénariste du 3ème film de la compét', présente La peau blanche. Un sympathique essai de fantastique canadien (la comédie est reine en ce froid pays), pas très bien réalisé, fauché, mais plein de bons sentiments et de bonnes idées qui le sauvront du naufrage.

Un petit kebab et au lit !

JOUR 3 - Vendredi 28 janvier 2005

C'est décidé, aujourd'hui les choses serieuses commencent... mal.
Le 4ème film de la séléction officielle, Hypnos, ne rassure pas du tout... Non pas qu'il soit aussi mauvais que les objets filmiques vus la veille; mais tellement mal monté que le visionnage en devient vite long et pénible malgré l'excellente interpretation de l'actrice principale.

Quand on sort de la salle, il fait -15°...

Un petit sandwich, quelques rendez vous pris avec l'attaché de presse de Mr Jacky Berroyer et hop, on file à la conférence de presse du président de Fantastic Arts 2005, Barry Levinson; réalisateur de Rain Man et de Good Morning Vietnam.

L'hommage à Roger Corman fut l'un des plus émouvants moment du festival. Le discours de Jean Pierre Dionnet, esthéte du film bis, sonne juste. Fais suite, l'arrivée de l'équipe de Calvaire. Jacky Berroyer et Fabrice Du Welz enchaine un hilarant discours ("Je vous préviens.. je monte juste sur la scène parce que j'ai perdu une petite gourmette en or.. alors si quelqu'un la retrouve, je m'appelle Jacky Berroyer.. Voilà j'ai plus rien à dire !).
Pour votre serviteur (moi quoi..) le film qui suit est LE film du festival (quoi qu'en dise le jury). Calvaire, c'est Massacre à la tronconneuse chez les belges. C'est Tintin qui débarque dans le Village des Damnés. C'est une bombe atomique, esthétique et frénétique qui nous arrive en pleine face. Instantanément culte !

Un kebab et quelques kilometres après, on se paie un truc au ciné Camara Oscura (Deadly Cargo). Film espagnol réalisé avec trois francs six sous.. et une heure et demi de perdue. Passons.

Pour cloturer cette faste journée en beauté, le film hors compét suivant est un petit bijou. Bubba Ho Tep. Imaginez qu'Elvis n'est pas mort, que John Fitzerald Kennedy a changé de couleur de peau pour échapper à ses assassins: que ces deux derniers se retrouvent dans une maison de retraite au fin fond de la californie et qu'il combattent une momie revenue d'Egypte pour avaler l'âme des vieillards qui trainent. Ouf ! Original, intelligent, terriblement drole, et drolement prenant... Le film de Don Coscarelli est une véritable merveille du film Bis !

Quand on sort de la salle, il fait -20°...

JOUR 4 - Samedi 29 janvier 2005

Il est toujours très difficile de se lever tot à Gerardmer... Surtout pour moi je dois dire. 10h, au grand Hotel, nous avons rendez-vous avec Joël Champetier, scénariste du film canadien La peau blanche. Stéphane et Rachel de DVDAlliance.com démarrent les questions, j'enchaine. Le type est sympa, l'interview interéssante. On se rend compte comme il doit être difficile de monter un film d'horreur au pays des caribous !

Ma voiture dérappe à peine sur le sol gelé de Gerardmer.. on cherche une place et on fonce à la séance tant attendue de Saw. Le premier de James Wan est efficace, c'est indéniable. Pas original pour deux sous (c'était pas Seven 2 ??). Toutefois la salle est ravie, enfin du bon gros film bourrin à se mettre sous la dent. Amira Casar pousse quelques cris, c'est bon signe: Le film doit plaire au jury.


SAW - Prix du jury


Je file au Grand hotel (C'est la course !!). Rendez Vous avec Jacky Berroyer et Fabrice Du Welz pour une interview qui promet.
Fidèle à lui même, Jacky est un gentil guignol, convaincu du faible potentiel populaire et de son film, et encore plus sur de l'énorme qualité artistique de Calvaire. Il a raison. Fabrice Du Welz est un passionné. Cinéphile nerveux, ce gars là va aller très loin. Allez on se donne rendez vous dans 5 ans pour son prochain chef d'oeuvre !

Geradmer, c'est aussi l'occase de se revoir des films pas évident à dégoter dans les salles francophones. Et pour Save the green planet, ç'aurait été dommage. Le film coréen le plus déjanté depuis... longtemps. Un must, on rejoint nos confrères de DVDAlliance et DVDRama pour vous le conseiller à 300 %.

Les extraterrestres coréens nous font patienter jusqu'à la projection du septième film de la compétition. Je n'aime pas le cinéma des frères Pang (The Eye, Bangkok haunted..) et après Ab-normal Beauty, insupportable navet, j'ai décidé de ne plus jamais perdre mon temps sur un de leur film. La séléction asiatique de l'année est franchement décourageante...

Le raz de marais, c'est l'arrivée de Benoit Magimel et Natasha Reigner... une horde de journalistes, de flashs, de jeunes filles en furie.. C'est l'équipe de Trouble qui débarque. Le huitième et avant dernier film en compétition est un surprenant thriller. Classique, presque austère, mais incroyablement prenant. S'il laissera un souvenir nettement moins impérissable que Calvaire, Trouble est néamoins un indéniable succès du film fantastique français.


"Trouble" d'Harry Cleven remporte le grand prix


Pizza, bière... Stephane, Rachel, Satrincha et moi, on s'enfile une pizza. Quand on sort du resto, il fait -15°, mais l'alcool... ça réchauffe.

JOUR 5 - Dimanche 30 janvier 2005

Ca y est. C'est le dernier jour de l'aventure Fantastic Arts. 5 jours ca passe vite quand même...

Le dernier film en compétition, c'est un opus signé Takeshi Miike (Audition, Ichi the killer...). Primé l'année dernière pour The Happiness of Katakuris, le film présenté One Missed Call, bien qu'éfficace, n'a aucune chance de connaitre le même succés. Classique, chose étonnante vu le réalisateur déjanté... Chapeau pour la mort en directe à la télé !

Ca y est le festival est terminé... le jury délibère... et le résultat suit. Pour nous c'est les retrouvailles avec les bouchons parisiens, la neige disparait peu à peu... comme si le fantastique était resté à Gerardmer.

LE PALMARES COMPLET

Grand Prix : Trouble de Harry Cleven

Prix du Jury : Calvaire de Fabrice du Welz et Saw de James Wan

Prix du Jury jeune : Saw de James Wan

Prix de la critique internationale : Calvaire de Fabrice du Welz

Prix Premiere : Calvaire de Fabrice du Welz

Prix 13ème rue : Trouble de Harry Cleven

Prix des inédits vidéo : Into the mirror de Seong-Ho Kim

Grand prix des courts-métrages : Organik de David Morlet

Prix littéraire : Le Mort-homme de Denis Bretins


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