VICTOR NAVONE


Profil d'un animateur de chez PIXAR. Victor Navone peut se targuer d'avoir un parcours atypique pour un infographiste et animateur de talent. Chez Pixar, il a travaillé sur "Monsters inc.", "Le monde de Nemo", "The Incredibles" et "Cars". Mais le plus intéréssant c'est encore son histoire. Victor n'était pas forcément voué à faire carrière dans la plus grande société d'imagerie numérique au monde, c'est juste que sur un coup de bluff, il a créé un petit court qui a fait intégralement le tour de la planète, Alien song (un court métrage ou un extra terrestre massacre la chanson de Gloria Gaynor 'I will survive' et se mange la boule à facettes sur la tête...). Surfant de boites mails en forums, son petit court métrage en 3D est devenu mondialement connu, il est arrivé un jour dans la boite aux lettres de John Lasseter qui a immédiatement pris son téléphone pour appeler son auteur. Et Victor est donc entré dans le saint des saint, les studios Pixar.



Victor Navone et Blit, l'extra terrestre. Success story


CINEGENRE : "TITAN AE", le film de Don Bluth, n'a pas eu le succés escompté en salles. C'est pourtant l'un des plus passionants Space-opera animé. Quel a été ta participation sur ce film ?

VICTOR : Je n'ai participé qu'à certains effets visuels sur le film. J'ai travaillé avec une petite compagnie appelée "Persistence Of Vision Digital Entertainment" (POVDE) pour créér la séquence des "Crystales de glace". C'était un job en freelance d'une durée de 2 mois. J'ai aussi travaillé pendant 1 mois sur la séquence "Nebula" avec la société Reality Check à Los Angeles.

CINEGENRE : Maintenant tu travailles dans la prestigieuse société Pixar. Etait-ce un rêve de travailler chez les créateurs de Toy Story ?

VICTOR : Je n'avais jamais même songé à travailler chez Pixar avant d'avoir vu Toy Story 2. Je ne faisais de l'animation que depuis un an. Seulement quelques mois après, la société m'a fait une proposition.. Je ne pouvais pas refuser. En tous, j'ai eu un timing chanceux !

CINEGENRE : "The Incredibles" arrive dans les salles françaises le 24 novembre. Brad Bird, le réalisateur, avait déjà réalisé "Le géant de Fer". Que penses tu du film ?

VICTOR : Je suis très fier d'avoir travaillé sur ce film. C'est très certainement celui que je préfére dans la série des Pixar, et peut être même l'un de mes films préférés. Travailler avec Brad Bird fut très agréable et très gratifiant. Je me sens très chanceux d'avoir pu vivre une telle expérience.

CINEGENRE : Quelle a été ta contribution au film ?

VICTOR : Je me suis occupé essentiellement de l'animation. J'ai travaillé sur une soixantaine de plans comprenants la majeure partie des rôles principaux. Je devais donc donner vie à tous ces personnages numériques.

CINEGENRE : Quels outils utilisez vous pour arriver à ce résultat ? Il existe un secret pour que Pixar arrive à une telle qualité d'animation ?

VICTOR : Pixar a son propre système d'animation propriétaire. Ce logiciel (Renderman) est un outil excellent, mais le véritable secret de Pixar pour son animation... ce sont ses excellents animateurs.


Les indestructibles


CINEGENRE : Je me doute que toutes nouvelles concernant vos projets sont tenues secretes. Mais peux tu nous parler du prochain projet de Pixar, "Cars" ?

VICTOR : Je ne peux malheureusement rien vous dire dessus, je dois tenir le secret. Mais la bande annonce vient de paraitre, et d'autres images arriveront avec la sortie de 'The Incredibles'.

CINEGENRE : Peux tu nous parler maintenant de tes projets. Ton nouveau court, "Big Band" ?

VICTOR : Big Band va me demander beaucoup de temps pour être terminé. J'ai un bébé maintenant et vraiment très peu de temps libre. Toutefois, depuis Alien Song, j'ai fais enormément de progrés. Pour l'instant tout ce qui est exploitable c'est en fait une batterie de tests d'animation. L'histoire est terminée, mais seul un personnage et quelques véhicules sont modélisés pour l'instant.

CINEGENRE : Y a t'il une date de sortie pour "Big bang" ?

VICTOR : Non. Ce sera terminé quand ce sera terminé....


Big Band. Court métrage en préparation


CINEGENRE : Quels sont tes futurs projets ?

VICTOR : Pour l'instant je travaille sur Cars et Big Band. Je ferais certainement une pause après tout celà, afin de peindre et m'occuper de ma fille !

CINEGENRE : Quel a été ton film préféré de ces cinq dernières années ?

VICTOR : En choisir un seul est impossible. Parmi mes favoris : Lost in Translation, Rushmore, The Incredibles, Finding Nemo, Spirited Away

CINEGENRE : Question habituelle... Si l'on te donne un budget illimité, quel film aimerais tu réaliser ?

VICTOR : Je ne pense pas que j'aimerais réaliser quoi que ce soit. Cela prend beaucoup trop de temps et d'énergie et je pense qu'il y a des choses plus importantes dans la vie. J'aimes à la rigueur faire de petits films.. mais pas un long métrage.

CINEGENRE : Merci Victor, bravo et bon courage pour la suite des aventures !!





Le site officiel de Victor Navone : http://www.navone.org




BOLHEM BOUCHIBA


En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des artistes. Et si la place manque chez nous pour faire un film d'animation en 3D, et bien il n'a y qu'à aller voir ce qui se passe outre-atlantique, dans les studios des spécialistes du genre. C'est ce qu'a fait Bolhem Bouchiba. Rencontre.




CINEGENRE : Boulhem Bouchiba bonjour et merci pour votre disponibilité. Tout d’abord pouvez-vous vous présenter et expliquer un peu votre parcours ?

BOLHEM : Apres un c.a.p de menuiserie à Ruffec, une petite ville non loin d'Angouleme où j'ai passé une partie de ma jeunesse, j'ai eu deux experiences de 6 mois en serie télé (Iddh, France Animation). Ensuite Disney est arrivé en 89 à Montreuil où j'ai eu 13 années d'experience au côté d'animateurs comme Dominique Monthery (welldone) ou encore Glen Keane.

CINEGENRE : Vous avez récemment travaillé sur le nouveau film des Studios Pixar, Les Indestructibles. Comment avez-vous atterri sur ce projet ?

BOLHEM : Brad Bird et Tony Fucile m'avaient proposé en 1999 un poste d'animateur sur "Iron Giant" (le Géant de fer). Mais j'étais déjà en production sur "Tarzan" de Disney à Montreuil. donc quand en 2001 Tony Fucile m'a appellé en Floride là où j'etais en production comme superviseur sur "Lilo and Stitch" (Jumba), Tony m'a demandé si je pouvais lui envoyer mon "resume" (cv) afin de rejoindre l'équipe d'animateurs sur "Incredibles" chez Pixar. J'ai toujours voulu avoir une expérience avec Brad et j'aime beaucoup les histoires originales qui sortent de chez Pixar.

CINEGENRE : La production d’un Pixar doit être un gros challenge pour un animateur, du fait de leur réputation de grande qualité. Pas trop angoissé à l’idée d’y contribuer ?

BOLHEM : Oui, angoissé est le bon mot pour décrire le jour ou j'ai mis mon premier pied chez Pixar. Mais bon...tout de suite j'ai été pris en charge par ALAN BARILLARO qui est aussi un des superviseurs des Indestructibles (the incredibles ).Il m'a tout de suite mis en confiance en me demandant de ne pas changer mes habitudes d'animateur 2D mais plutôt que c'etait à la machine de suivre mes exigences .Un autre challenge était d'arriver au niveau de qualité de jeux d'acteurs que l'équipe d'animation n'a cessé de peaufiner depuis "Toy Story". Bref beaucoup de travail pour moi..haaa... :-)

CINEGENRE : Un film comme celui-ci compte combien d’animateurs ?

BOLHEM : Je ne connais pas les chiffres exacts mais plus la production avance et plus il y a d'animateurs. Pour les Indestructibles entre 55 et 65 animateurs.


Tarzan (Disney), réalisation franco-américaine


CINEGENRE : Comment se fait la répartition des scènes à travailler ? Combien de séquences un animateur est-il amené à faire ? Quelle durée ont-elles au final à l’écran, pour combien de temps de travail ?

BOLHEM : Brad et les supervieurs distribuent les scènes en fonction des capacités de l'animateur. Certains sont plus à l'aise avec des scènes d'action d'autres avec les jeux d'acteur (acting) ,d'autres tout.... Dès le début de la production Brad a voulu donner plusieurs scènes en continuité aux animateurs,comme cela l'animateur peut créer des expressions ou des mouvements consistants sur plusieurs secondes sans craindre une perte d'intensité. Par exemple j'ai animé 12 scenes de "Bob" quand il se fait électrocuter par "Syndrom", cela m'a donné du temps pour créer scènes apres scènes l'illusion de souffrance. Ces scènes là m'ont pris un peu plus d'un mois. Avec de l'experience je pense pouvoir aller plus vite, mais le but n'est pas là.

CINEGENRE : Quels ont été les personnages et les scènes sur lesquels vous avez travaillé ?

BOLHEM : J'ai animé "Elen" au téléphone quand elle réalise que "Bob" a perdu son job. Ensuite "Bob" quand il se fait électrocuter, de nouveau "Bob" quand il menace "Syndrom" de tuer "Mirage" ou encore quand "Bob" étrangle "Mirage" parce qu'il pense que sa famille a péri dans le crash de l'avion. Voila en gros...

CINEGENRE : Quelle a été pour vous la plus grande difficulté rencontré lors de votre contribution au film ?

BOLHEM : La plus grande difficulté a été de trouver ma methode de travail, c'est a dire garder mon passif 2D tout en pensant 3D. Je devais comprendre le logiciel d'animation "maison" tout en essayant d'incorporer mon expérience 2D : émotions, compositions, expressions de visages..ect...


Les indestructibles


CINEGENRE : Les voix sont enregistrées avant le travail d’animation des personnages. Etes-vous amené à rencontrer les acteurs pour étudier la gestuelle de leur avatar numérique, discuter sur le rendu final d’une scène ou l’apparence d’un personnage ?

BOLHEM : Cela peut arriver d'utiliser les videos des acteurs qui font les voix pour toutes sortes d'expressions ou mouvements. Par contre je n'ai pas eu le plaisir de rencontrer Samuel L Jackson. sniff...

CINEGENRE : D’ailleurs, travaillez-vous sur un personnage totalement finalisé au niveau de son physique ou pouvez-vous le faire évoluer pour pouvoir mieux l’intégrer aux scènes ? Sous quelle forme on vous le confie : squelette simple, en volume, les textures sont-elle déjà appliquées…. ?

BOLHEM : Sur la production des Indestructibles nous recevions les personnages en volume mais en faible résolution ce qui nous permettai d'avoir une interactivité plus rapide avec le logiciel maison ; j'anime souvent des scenes de quelques seconde donc pour les ressentir j'aime voir le résultat au plus rapide. Pour des raisons technique ou de composition nous avons aussi la possibilite de voir nos scènes en rendu final comme pour la cape de "Syndrom".

CINEGENRE : Dans le même temps, pour animer les héros du film il vous faut des repaires. Vous devez surement faire passer quelques traits de caractère personnel ou des expressions propre à vous ?

BOLHEM : Brad a essayé au maximum de distribuer les scènes en fonction de l'animateur, donc il se retrouve dans ces scènes avec ses sentiments, émotions et traits de caractères. Pour ma part, je puise mes repères dans la vie quotidienne et mon inspiration vient aussi de mes proches.

CINEGENRE : Combien de temps dure la production d’un film comme celui-ci, depuis la finalisation du scénario au dernier montage ? A partir de quand commence vraiment le travail des animateurs ?

BOLHEM : C'est difficile de donner un temps précis car pour "Incredibles" c'est une idée qui a murie au cours du temps et qui a resurgie il y a environ 4/5 ans. Le travail des animateurs débute à partir du moment où le film prend forme au travers du storyboard.


Les indestructibles


CINEGENRE : On a beaucoup parlé du divorce prochain entre Disney et Pixar. Est-ce que cela se ressent dans la façon de travailler ou de manière plus générale dans l’ambiance dans le studio ?

BOLHEM : On attend tous bien sûr de savoir si Disney continue avec Pixar ou pas. Rien n'a changé dans notre façon de travailler en général.

CINEGENRE : L’ambiance justement, comment se passe une journée chez Pixar ? D’après les documents connus et diffusés sur leurs DVD, ça a l’air plutôt décontracté…

BOLHEM : L'image décontractée que PIXAR peut refleter vient du fait que les animateurs gérent leur temps et leur créativité cela donne pour moi une ambiance de travail plus saine. Néanmoins les trois derniers mois de production sont particulièrement intenses.

CINEGENRE : Pixar, Dreamworks, Fox, et maintenant Disney en solo, il semblerait que le tout 3D l’emporte. A votre avis, reviendra-t-on à une animation traditionnelle pour les grands films d’animation à fort potentiel (c’est à dire les gros blockbusters du dessin animé) ?

BOLHEM : J'espère très fortement que ça se produira et je sais que ça arrivera. Pour preuve "Les triplettes de Belleville" et "la prophétie des grenouilles". La 2D (animation traditionnelle) a toujours un fort potentiel qui apporte un naturel différent spontanné généré par les émotions de l'animateur . Je pense que le public est à la recherche de bonnes histoires non pas simplement d'une image esthétique reflétée par la 3D.

CINEGENRE : Quels sont vos projets futurs et sur quoi travaillez-vous aujourd’hui ?

BOLHEM : Projet en cours de développement et qui reste confidentiel pour le moment.

CINEGENRE : On a deux questions rituelles chez Cinégenre : tout d’abord si on vous donne carte blanche et le budget nécessaire, quel film réaliseriez-vous ?

BOLHEM : Si j'avais un budjet, et SI j'avais le talent de Brad j'essayerai de faire un film du même niveau qu'Incredibles ou Iron Giant. Comme je n'ai pas son talent je me mettrai au sevice de réalisateurs comme Dominique Monthery qui est tout aussi doué, il vient d'ouvrir une structure du nom de "Welldone"en région parisienne. un jour viendras je pense ou nous pourrons rester en France pour exercer cette passion.

CINEGENRE : Et enfin, sur ces 5 dernières années, quel est votre film préféré ?

BOLHEM : Trop de films - Amelie, Full Monty, Les Triplettes de Belleville, Nemo, Gladiator, Garden State, etc.... plus recement les Indestructibles.

CINEGENRE : Un petit mot pour finir ?

BOLHEM : J'aimerais dédicacer cette interview à ma fiancée Cynthia et mon fils Emeric qui sont pour moi une grande inspiration.

CINEGENRE : Encore un grand merci.